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mardi 24 mars 2015

Tunisie: limogeage de plusieurs responsables sécuritaires après l’attentat du Bardo

Le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a limogé plusieurs hauts cadres des services sécuritaires cinq jours après l’attentat terroriste qui a coûté la vie à 21 personnes dont 20 touristes étrangers, a-t-on appris lundi auprès de la présidence du gouvernement à Tunis.

« Ces décisions ont été prises une heure après une visite effectuée sur le terrain à minuit dans la zone du Bardo où il a constaté des défaillances dans le dispositif sécuritaires », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Mofdi Mseddi, joint au téléphone par la PANA.

Le Bardo est une banlieue de Tunis située à environ cinq kilomètres du centre de la capitale. Le musée théâtre de l’opération perpétrée par deux éléments armés de fusils d’assaut Kalachnikov, est mitoyen du bâtiment qui abrite le parlement qui, au moment de l’attaque, discutait, en présence de responsables de la sécurité et de l’armée, d’un projet de loi anti-terroriste.

Parmi les cadres limogés figurent les chefs des districts de police du Bardo et du Grand Tunis, ainsi que le directeur de la police touristique et le chef du renseignement. Le Premier ministre a aussitôt nommé leurs successeurs, a précisé le porte-parole.

L’attaque a été revendiquée par l’organisation de « l’Etat islamique » (Daech, en arabe).

Dimanche, le Président Béji Caïd Essebsi avait reconnu, dans une interview à des médias français, que des « dysfonctionnements » avaient été enregistrés dans le dispositif sécuritaire lors de l’opération du Bardo, assurant que des sanctions seront prises contre ceux qui en sont responsables.

Outre les deux auteurs de l’attentat tués par la brigade antiterroriste, un troisième homme, en fuite, serait directement impliqué. Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Aroui, il serait le coordinateur de l’opération.

Le ministère a lancé, dans sa page officielle Facebook, un avis de recherche appelant les citoyens à alerter les autorités au cas où ils apercevaient cet élément dénommé Maher Ben Mouldi Gayed, un peu plus de la vingtaine. Deux photos ont été publiées de ce « dangereux terroriste », l’une le montrant rasé et en tee-short, l’autre barbu et portant des habits religieux.

Le président tunisien avait noté que ce troisième homme avait été identifié et filmé par les caméras de surveillance avec les deux autres. « Il y a deux qui ont été éliminés et un autre qui court encore, mais il n’ira pas très loin », a déclaré Caïd Essebsi.

Selon Rafik Chelly, secrétaire d’Etat chargé de la Sécurité, l’homme recherché est celui montré avec les deux tueurs à l’intérieur du musée dans une vidéo diffusée par le ministère de l’Intérieur. Ce dernier qui réside à Tunis, serait celui qui conduisait la moto Vespa qui a amené les tueurs, a dit M. Chelly à Paris-Match, sans préciser s’il a été arrêté parmi la vingtaine de personnes interpellées.

Il a déclaré que les deux tueurs avaient reçu une formation au maniement des armes dans un camp d’entraînement en Libye avec le groupe « Ansar Al Shariaa ».

Le chef de ce groupe classé terroriste par les autorités, Seifallah Ben Hassine, alias Abu Iyadh, a fui en Libye après l’attaque de l’ambassade américaine à Tunis en septembre 2012 dont il est accusé d’être l’instigateur.

Pendant ce temps, dans un « acte symbolique », les autorités s’activent à rouvrir le musée du Bardo dès mardi alors que des experts sont à pied d’œuvre pour opérer les réparations et effacer les traces de l’attaque terroriste dont il a été le théâtre.

Selon son conservateur, Moncef Ben Moussa, le musée a subi des dégâts mineurs « réparables » occasionnés par les balles lors de l’attaque terroriste. Il a affirmé que les pièces archéologiques qui y sont exposées sont « intactes ».

Le musée du Bardo est le plus important du pays. Il renferme un riche patrimoine de la civilisation plusieurs fois millénaire de la Tunisie, notamment une collection unique de mosaïques romaines.

Un grand nombre d’artistes, des peintres, des chanteurs et des groupes musicaux doivent assister à la réouverture du musée, selon les organisateurs.

Pour M. Ben Moussa, « c’est un défi, mais aussi un message pour dire (aux terroristes) que la Tunisie reste debout et se relèvera ».

Mardi après-midi, les participants au sommet mondial social que la Tunisie abritera pendant trois jours organiseront une marche vers le musée du Bardo sous le signe « les peuples du monde solidaires avec la Tunisie, pour la liberté et contre le terrorisme », a déclaré l’organisateur du sommet, Abderrahmane Hedhili.

Par ailleurs, la ministre du Tourisme, Selma Rekik, a annoncé l’organisation dimanche prochain d’une « grande marche » à Tunis à l’instar de ce qui avait eu lieu à Paris après l’attaque contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, avec la participation de tous les partis politiques, de la société civile et de hautes personnalités étrangères dont le président de l’Organisation mondiale du Tourisme.

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