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samedi 7 février 2015

Un nouveau gouvernement tunisien, sans enthousiasme

Le premier ministre Habib Essid (en bas à droite) avec les membres de son gouvernement, pendant le vote au Parlement, mercredi 4 février.

Il a fallu attendre plus de 100 jours après les élections législatives pour que le premier gouvernement de la deuxième république tunisienne soit présenté au Parlement, le 4 février. Une naissance difficile après plusieurs semaines de tractations.

Habib Essid, chef de l’exécutif a été contraint de revoir sa copie et de présenter une nouvelle proposition pour la composition du gouvernement : 27 ministres et 17 secrétaires d’Etat. Le parti islamiste Ennahdha et les ultralibéraux de Afek Tounes ont fini par rejoindre la nouvelle formation se limitant au départ uniquement à Nida Tounes, arrivé premier aux législatives et à l’Union patriotique libre, le parti d’un riche homme d’affaire, Slim Riahi, arrivé troisième.

A l’issue de deux jours de débat, Habib Essid a obtenu un vote de confiance avec une majorité confortable : 166 voix pour, 8 abstentions et 30 contre.

Déséquilibre des portefeuilles

Une équipe avec une large représentativité, mais proportionnellement déséquilibrée. Ennahdha, deuxième bloc parlementaire, ne se voit octroyé qu’un seul poste ministériel et trois secrétariats d’Etat alors que Afek Tounes, avec 8 députés seulement, décroche trois ministères. Cette coalition a suscité de fortes réserves tant au sein de Nida Tounes que d’Ennahda.

« Les électeurs de NidaTounes ont voté pour qu’Ennahdha soit écarté du pouvoir et inversement pour les électeurs d’Ennahdha. Pourtant, aujourd’hui ils s’allient ». Pour Ahmed Essedik, député du Front populaire, la coalition de gauche, « c’est un simple partage du gâteau destiné à apaiser les peurs des uns et des autres ».

« Convaincre nos militants de la nécessité de cette alliance n’était pas chose aisée, mais nous comprenons les pressions du contexte régional et la nécessité du consensus pour la stabilité du pays », a confié une députée d’Ennahdha, Yamina Zoghlami.

Pas de révolution au programme

Le parti islamiste a accepté de se voir sous-représenté dans l’exécutif. En contrepartie, il garde un droit de regard sur le travail du gouvernement et espère que le pays échappera au scénario égyptien.

« On aurait voulu voir la révolution dans le programme. Celui-ci aurait pu être de n’importe quel parti dans n’importe quel pays », estime Borchra Belhaj Hmida, député de Nida Tounes. Seules mesures annoncées : une augmentation de 30 dinars (12 euros) des allocations pour les ménages les plus pauvres et la simplification des démarches administratives pour l’annulation des dettes de moins de 2000 dinars (850 euros) pour 42 000 agriculteurs et marins. Des réformes économiques impopulaires présentées par le gouvernement précédent sont aussi confirmées, telles que la réforme de la caisse de subvention des produits de première nécessité comme la farine, le sucre et l’huile.


Khansa Ben Tarjem- Le Monde.fr Le 06.02.2015

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