Le premier ministre Habib Essid (en bas à droite) avec
les membres de son gouvernement, pendant le vote au Parlement, mercredi 4
février.
Il a fallu attendre plus de 100 jours après les élections
législatives pour que le premier gouvernement de la deuxième république
tunisienne soit présenté au Parlement, le 4 février. Une naissance difficile
après plusieurs semaines de tractations.
Habib Essid, chef de l’exécutif a été contraint de revoir
sa copie et de présenter une nouvelle proposition pour la composition du
gouvernement : 27 ministres et 17 secrétaires d’Etat. Le parti islamiste
Ennahdha et les ultralibéraux de Afek Tounes ont fini par rejoindre la nouvelle
formation se limitant au départ uniquement à Nida Tounes, arrivé premier aux
législatives et à l’Union patriotique libre, le parti d’un riche homme
d’affaire, Slim Riahi, arrivé troisième.
A l’issue de deux jours de débat, Habib Essid a obtenu un
vote de confiance avec une majorité confortable : 166 voix pour, 8 abstentions
et 30 contre.
Déséquilibre des portefeuilles
Une équipe avec une large représentativité, mais
proportionnellement déséquilibrée. Ennahdha, deuxième bloc parlementaire, ne se
voit octroyé qu’un seul poste ministériel et trois secrétariats d’Etat alors
que Afek Tounes, avec 8 députés seulement, décroche trois ministères. Cette
coalition a suscité de fortes réserves tant au sein de Nida Tounes que
d’Ennahda.
« Les électeurs de
NidaTounes ont voté pour qu’Ennahdha soit écarté du pouvoir et inversement pour
les électeurs d’Ennahdha. Pourtant, aujourd’hui ils s’allient ». Pour Ahmed
Essedik, député du Front populaire, la coalition de gauche, « c’est un
simple partage du gâteau destiné à apaiser les peurs des uns et des autres ».
« Convaincre nos
militants de la nécessité de cette alliance n’était pas chose aisée, mais nous
comprenons les pressions du contexte régional et la nécessité du consensus pour
la stabilité du pays », a confié une députée d’Ennahdha, Yamina Zoghlami.
Pas de révolution au programme
Le parti islamiste a accepté de se voir sous-représenté
dans l’exécutif. En contrepartie, il garde un droit de regard sur le travail du
gouvernement et espère que le pays échappera au scénario égyptien.
« On aurait voulu voir
la révolution dans le programme. Celui-ci aurait pu être de n’importe quel
parti dans n’importe quel pays », estime Borchra Belhaj Hmida, député de
Nida Tounes. Seules mesures annoncées : une augmentation de 30 dinars (12
euros) des allocations pour les ménages les plus pauvres et la simplification
des démarches administratives pour l’annulation des dettes de moins de 2000
dinars (850 euros) pour 42 000 agriculteurs et marins. Des réformes économiques
impopulaires présentées par le gouvernement précédent sont aussi confirmées,
telles que la réforme de la caisse de subvention des produits de première
nécessité comme la farine, le sucre et l’huile.
Khansa Ben Tarjem- Le Monde.fr Le 06.02.2015
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