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mardi 10 février 2015

Le sud tunisien en grève après des heurts avec la police

Ben Guerdane (Tunisie) - Une large partie du sud tunisien, frontalier de la Libye, a observé une grève mardi à la suite de heurts entre policiers et manifestants dimanche qui ont fait un mort, des violences déclenchées par la saisie d'essence de contrebande.

A l'exception des services d'urgence, des pharmacies et de boulangeries, l'essentiel des commerces et bureaux de la région de Tataouine sont restés fermés, selon l'Union régionale du travail.

La ville de Ben Guerdane, dans la région de Médenine près du poste-frontière de Ras Jedir, était aussi paralysée, a constaté un journaliste de l'AFP. Des heurts sporadiques y ont opposé de jeunes manifestants à la police, qui a répondu à des jets de pierres par du gaz lacrymogène.

Les syndicats dans ces deux régions réclament des créations d'emplois, la suppression d'une taxe de sortie du territoire tunisien imposée aux étrangers non-résidents depuis octobre, l'assouplissement des contrôles douaniers sur les transports des marchandises et une enquête sur le recours excessif à la force par la police lors des manifestations.

Ils exigent également que des responsables gouvernementaux se rendent d'urgence sur place.

Un jeune homme est mort dimanche dans les heurts à Dehiba, deuxième grand point de passage vers la Libye après celui de Ras Jedir. 

Le gouvernement a déploré lundi soir ces évènements douloureux et indiqué qu'une suspension de la taxe de sortie du territoire de 30 dinars (13,7 euros), qui selon les habitants nuit au commerce entre la Libye et la Tunisie, était à l'étude pour les ressortissants des Etats du Maghreb.

Le Conseil des ministres a aussi affirmé que les ministres des Finances, de l'Investissement et de la Coopération internationale effectueraient mercredi une visite sur le terrain dans les zones frontalières du sud-est pour s'enquérir de la situation.

Le sud tunisien vit largement de divers trafics avec la Libye et la contrebande de carburant libyen est particulièrement lucrative.

Selon un rapport publié en décembre 2013 par la Banque mondiale, le commerce informel, qu'il soit avec la Libye à l'est ou l'Algérie à l'ouest, coûte à la Tunisie chaque année au moins 1,2 milliard de dinars, soit un peu moins de 600 millions d'euros.

Quelque 328.000 tonnes de produits de contrebande passent notamment par le poste de Ras Jedir chaque année et 20% de la population active de Ben Guerdane vit exclusivement de ce commerce, qui représente plus de la moitié des échanges bilatéraux avec la Libye.

La fermeture de la frontière tuniso-libyenne en raison de différends entre les deux pays ou de l'instabilité en Libye, en proie au chaos, entraîne dès lors régulièrement des mouvements sociaux et des heurts dans le sud tunisien. (AFP / 10 février 2015 )   

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