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samedi 31 janvier 2015

Tunisie: 2800 jihadistes tunisiens partis en Syrie...

Ridha Sfar, ministre délégué à la sécurité nationale, a affirmé dans un entretien au quotidien Attounisia publié le 29 janvier, que le nombre de jihadistes tunisiens partis en Syrie est estimé à 2800.
Parmi ces 2800 jihadistes, 1608 se trouveraient actuellement en Syrie. 600 autres seraient mort et 568 sont rentrés au pays, a affirmé M. Sfar.
L'Etat islamique serait l'organisation qui attirerait le plus les Tunisiens: 90% en feraient partie.
"L'Etat islamique est plus dangereux qu'Al-Qaïda parce qu'il fournit des solutions rapides à des jeunes qui souffrent de frustrations sexuelles, de manque d'argent et des pulsions hostiles", a-t-il expliqué.

Actuellement au Mont Châambi, il y aurait selon lui, 100 jihadistes tunisiens et algériens.
Pour M. Sfar, il y a une hausse du nombre des jihadistes tunisiens qui est essentiellement due à "la faiblesse des institutions étatiques et à l'amnistie générale effectuée après la révolution".
Quelles solutions face au retour des jihadistes?

Ces chiffres suscitent plusieurs interrogation sur la politique à adopter contre le jihadisme en Tunisie, en l'absence d'une nouvelle loi antiterroriste. La discussion houleuse de cette loi, constamment reportée à l'Assemblée constituante, n'a jamais été reprise à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Les affaires de terrorisme sont toujours appréhendées par l'Etat selon la loi héritée de Ben Ali.
Selon Ridha Sfar, la loi actuelle est capable de lutter contre ces crimes. D'autre part, un dispositif sécuritaire aurait été élaboré par le ministère de l'Intérieur pour les "jihadistes" qui sont rentrés au pays:
"Certains ont été traduits en justice alors que d'autres sont sous surveillance policière", affirme-t-il. Une "solution préventive" aurait aussi été adoptée face aux Tunisiens qui veulent voyager en Syrie:"L'Etat a interdit environ 10.000 Tunisiens de voyager en Syrie", d'après ses estimations.

Cela dit, pour M. Sfar il faut surtout "un nouveau traitement qui s'intéresse aux aspects culturels, sportifs et familiaux (...) C'est l'affaire de toute la société", a-t-il estimé.
"Je considère que le traitement sécuritaire ne suffit pas pour affronter la pensée takfiriste. Il faut des études sociologiques et éducatives pour connaitre les vraies raisons d'un tel phénomène et pour trouver des solution radicales", a-t-il ajouté.

Les attaques visant les militaires et les forces de l'ordre, attribués à des groupes jihadistes, se sont multipliées en Tunisie depuis 2013.
Ridha Sfar a été au poste de ministre délégué au ministère de l'Intérieur sous le gouvernement Mehdi Jomâa. L'un des principaux objectifs de ce gouvernement, formé en janvier 2014, était la lutte contre "la menace terroriste". Mais plusieurs organisations comme Human Rignts Watch ont considéré que des mesures de ce gouvernement ne respectaient les principes de la justice.

"Les autorités tunisiennes ont de bonnes raisons de combattre le terrorisme mais elles ne devraient pas agir en dehors du système judiciaire et bafouer des droits protégés par la Constitution et par la loi", déclarait en aout 2014 Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

(HuffPost Tunisie - 30/01/2015)

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